L’analyse keynésienne distingue
quatre multiplicateurs principaux : le multiplicateur d’investissement,
d’exportation, fiscal et de budget équilibré.
Un multiplicateur est un phénomène selon lequel une variation d’une grandeur économique (investissement, exportation, revenu
disponible, etc.) produit au cours d’une période donnée une variation amplifiée
d’une autre grandeur (revenu, produit, etc.).
Le modèle du multiplicateur montre qu’une
intervention quantitativement peu importante de l’Etat sur la demande (hausse
de l’investissement par une hausse de la dépense publique par exemple) peut
avoir un impact significatif sur le niveau d’activité grâce à une chaîne de
consommation induite. Il encourage donc la mise en œuvre de politiques
d’intervention et de régulation de l’économie par l’Etat si le marché n’arrive
pas spontanément à un équilibre de plein-emploi. Quels sont donc ces
multiplicateurs ?
Le multiplicateur d’investissement:
Toute augmentation de l’investissement entraîne une distribution de
revenu de même montant. Le revenu redistribué est réinvesti, il y a donc
effet en chaîne.
Le multiplicateur
d’investissement étant :
K= 1 / (1-c),
avec
c= propension marginale à consommer
Au final, en additionnant les
effets de l’investissement initial à chaque période, on peut écrire : DY = DI x 1 / (1-c)
Soit :
la variation de la production nationale (ou revenu national) est égal à K fois la
variation de l’investissement initial.
Exemple numérique : Pour un investissement de 100 et une
propension marginale à consommer c = 0,8 on obtient :
DY
= 100 x (1 / (1-0,8)) = 100 x (1 / 0,2) = 100 x 5 = 500
Une variation de
l’investissement de 100 entraîne donc une variation du produit de 500.
®
Ainsi toute augmentation plus que proportionnelle de l’investissement entraîne,
par le biais du multiplicateur (K= 1 / 1-c), une augmentation du produit
national.
Le multiplicateur d’exportation:
Le multiplicateur d’exportation
ou multiplicateur du commerce extérieur fonctionne en économie ouverte. Toute augmentation des exportations
entraîne une variation amplifiée du revenu national.
Prise en compte de deux
variables :
- la propension marginale à épargner (s) : variation de l’épargne en fonction de la variation du revenu.
- la propension marginale à importer (m) : variation de l’importation en fonction de la variation du revenu national.
Ces deux variables réduisent la
portée du multiplicateur dans la mesure où elles sortent du circuit
économique : ce sont des fuites.
Pour calculer la variation du
revenu entraînée par la variation des exportations, on utilise le coefficient
multiplicateur suivant :
K= 1 / (s+m)
Ainsi DY= DX x
1/(s+m) avec X les exportations.
Le multiplicateur fiscal:
Une variation des prélèvements obligatoires entraîne une variation amplifiée du revenu national. En effet, si les impôts augmentent, cela diminue le revenu disponible. Cependant le multiplicateur fiscal est plus petit que le multiplicateur d’investissement, puisqu’il n’agit que sur la part du revenu que les agents auraient consommé (et pas sur l’épargne).
Le multiplicateur fiscal
est donc :
K = -c x K
= -c / (1-c)
Exemple numérique :
DY = KT
x DT = -(0,8 / (1-0,8)) x-100 = -(0,8 /0,2) x -100= 4 x 100 = 400
Si les impôts diminuent de 100
(toujours en prenant c=0,8), l’effet initial sera une hausse de la dépense de
80, sur laquelle joue le mécanisme multiplicateur. La variation totale du
produit sera égale à une augmentation de 400.
Le multiplicateur de budget équilibré:
Le multiplicateur budgétaire signifie qu’une augmentation du déficit
budgétaire (et donc des dépenses de l’Etat) entraîne une variation amplifiée du revenu national. Mais qu’en
est-il si l’augmentation des dépenses publiques est financée intégralement par
une hausse des impôts ? Tandis que le multiplicateur budgétaire s’applique
à la totalité de l’augmentation des dépenses de l’Etat, le multiplicateur
fiscal ne s’applique que sur la partie retranchée du revenu qui aurait été
consommée, celui-ci a donc un effet moindre (les impôts bloquent en fait le
processus multiplicateur en retirant un revenu équivalent à celui créé par les
dépenses publiques, mais n’éliminent pas l’effet initial de ces dépenses). L’augmentation
du produit est toujours équivalente à l’augmentation des dépenses
publiques : le multiplicateur de
budget équilibré est égal à 1. C’est un cas particulier du théorème de Haavelmo :
®
Le budget de l’Etat n’est pas neutre ; même quand les dépenses sont
intégralement financées par des impôts, elles exercent un effet stimulant sur
l’activité.
Conclusion : Il
faut retenir que le multiplicateur est
d’autant plus élevé que la propension marginale à consommer est forte, et la
propension marginale à importer est faible. Ainsi le modèle du
multiplicateur fournit une manière simple de comprendre l’effet de la demande
globale sur le niveau du produit.
BIBLIOGRAPHIE :
Abraham-Frois, Economie politique, Economica, 7ème édition, 2001, p499-530Généreux, Jacques, Macroéconomie, Hachette supérieur, 4e édition, 2004, p48 à 54
Echaudemaison , Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Nathan, 2003, p335 à 339
Samuelson, Paul, Economie, Economica, 16e édition, 2000, p 457 à 463
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